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2016/03/21

Zhang Shuangli, « Les courants anticapitalistes en Chine"

Billet d’Adrien Poirier

Zhang Shuangli, « Les courants anticapitalistes en Chine. Le point de vue d'une philosophe »,
Actuel Marx, 2012/2 n° 52, p. 179-196. DOI : 10.3917/amx.052.0179

Ce texte est une entrevue menée par Gérard Duménil, économiste et membre du comité de rédaction de la revue Actuel Marx.  Il s’entretient avec Zhang Shuangli, professeure associée de philosophie à l’Université de Fudan (à Shanghai) qui se spécialise en philosophie marxiste, théorie critique et histoire de la philosophie occidentale.  Elle a produit deux livres, soit  The Theology of Liberation et Phenomenology of Modernity, ainsi que plusieurs articles en Chine et ailleurs.


Son entrevue accordée à la revue Actuel Marx en 2012, intitulé « Les courants anticapitaliste en Chine.  Le point de vue d’une philosophe », présente les différentes positions des intellectuels chinois face à l’anticapitalisme, un sujet encore très débattu.  L’auteure discerne ainsi cinq grands regroupements intellectuels : premièrement les libéraux, pro-capitalistes appuyant la mondialisation, qui croient qu’il faut prendre l’occident comme exemple.  Ils se voient comme des « héritiers » du Mouvement des nouvelles lumières, qui critique le socialisme traditionnel au profit de libertés accrues.  Deuxièmement, la Vieille Gauche, qui regroupe les socialistes de la vieille école : ce groupe est considéré comme démodé et n’est pas pris au sérieux par les autres intellectuels, toutefois, il est largement appuyé par le gouvernement, dont l’idéologie s’inspire lourdement.  Troisièmement, la Nouvelle Gauche, qui se déclare héritier du Mouvement des nouvelles lumières, tout comme les libéraux.  Ceux-ci décrètent qu’une modernisation est nécessaire, surtout afin de redéfinir les relations entre capital et État-nation, ainsi que ceux entre la liberté et l’égalité.  Ils voient les inégalités sociales et de conditions de vie comme les grands problèmes de la Chine moderne, causées par la montée du capitalisme et de la privatisation.   De plus, ils rejettent le modèle de la démocratie constitutionnelle, qui favorise la montée du secteur privé.  Quatrièmement, les néomaoïstes, qui soutiennent que le socialisme de Mao est toujours la voie à suivre : voulant résoudre les problèmes d’inégalité sociale tout en dépassant le modèle capitaliste, ses applications demeurent empreintes d’abus de pouvoir, comme le modèle de Chongqing l’a prouvé.  Enfin, cinquièmement on retrouve les Conservateurs Culturels.  Nationalistes et nouveaux confucianistes, ils proclament qu’il faut maintenir la stabilité et l’ordre social, quitte à abandonner le concept de liberté occidental.  Anticapitalistes s’opposant à la mondialisation,  leurs deux plus grands projets seraient d’imposer le confucianisme comme religion civile et d’adopter des politiques constitutionnelles confucéennes.
Ce texte est très intéressant, car il permet de mieux comprendre le débat entourant l’anticapitalisme en Chine.  L’auteure nous divise de façon simple les grands courants de pensée, expliquant leurs origines et leurs buts de manière très claire.  On remarque la présence de plusieurs thèmes récurrents, comme l’attachement au Mouvement des nouvelles lumières ou l’enjeu de l’égalité sociale, dont plusieurs courants se proclament les champions.  Bien que l’auteure présente toutes les opinions, une certaine prise de position contre le gouvernement chinois semble être présente dans ses propos, car elle n’hésite pas à critiquer la Vieille Gauche. En effet, selon elle ce groupe peu crédible aux théories dépassées, est « complètement déconnecté » des enjeux présents : il s’agit cependant de ceux qui fournissent une justification idéologique au socialisme chinois, ce qui les maintient dans les débats.

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