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2016/03/22

Yu Jianrong, "The 'Urbanization' of Peasants is Fundamental"

Billet de Kaouthar Koulmi

 Référence: Yu Jianrong, "The 'Urbanization' of Peasants is Fundamental," Contemporary Chinese Thought 46.1 (Automne 2014): 37-40.  Texte original publié en 2010.

Note sur l’auteur : Né en 1962 Yu Jianrong est un savant chinois connu pour son engagement pour la défense des démunis, lui-même venant d’une famille moins bien nantie, et pour ses publications sur le web[2]. Détenteur d’un doctorat en études juridiques, il fait des recherches dans l’Academy of Social Sciences Rural Development Institute (Beijing, China), l’un des instituts les plus prisés en Chine. Il  est présentement le directeur du Social Problems Research Center of the Rural Developpement Research Institute of the Chinese Academy of Social Sciences. Il est également connu pour ses livres sur les changements du développement rural en Chine et sur ses travaux prônant les intérêts des paysans et dénonçant les organisations criminelles des campagnes. Il a été déclaré en novembre 2012, l’un des 1000 penseurs les plus proéminents du monde par le Foreign Policy. [3]
 Yu Jianrong écrit cet article en se basant sur ses propres données de professeur au Social Problems Research Center of the Rural Developpement Research Institute of the Chinese Academy of Social Sciences, sur des statistiques et des sondages qu’il a lui-même mené. Son but est de mettre le doigt sur les enjeux de l’urbanisation massive en Chine, et pour avancer des solutions à cette situation. Pour le savant, il devenait essentiel d’assurer aux paysans qui migraient de plus en plus en masse vers la ville, ils étaient plus de 400 millions au moment de la rédaction du texte, pour y travailler, d’avoir des services sociaux équivalents à ceux des villes et d’urbaniser les hukou, un système de passeports internes, alors ruraux. L’auteur est bien placé pour parler de ce sujet, puisqu’on explique, dans son article, que sa famille, ayant subit les contrecoups de la révolution culturelle, expulsée de leur hukou, sans coupons, a du  survivre, tant bien que mal, avec les moyens du bord, dans les campagnes. Le professeur note que le plus grand problème dans cette urbanisation, c’est de protéger les intérêts des paysans. Ces derniers sont confrontés à deux défis majeurs. D’abord le fait que les paysans n’ont pas de  véritables droits de propriété, le deuxième étant un débalancement des pouvoirs entre villes et campagnes. Les paysans se font exproprier, car leurs terres rapportent beaucoup de richesses potentielles aux gouvernements locaux et ils sont trop faibles pour protéger leurs droits. Il explique ensuite que  leur calvaire ne s’arrête pas la. Même après avoir migré, ces derniers, et leurs enfants, ont de la difficulté à survivre financièrement.  Ils sont aussi pris entre deux feux, souvent incapables de retourner à la campagne, s’ils n’arrivent pas à s’installer en ville, ils se tournent souvent vers une vie criminelle. Après avoir exposé les enjeux auxquels les paysans font face, il ajoute un autre facteur. En Chine, les habitants ont traditionnellement une appartenance à une région, alors que les migrants n’ont plus cet attachement et se retrouvent dans un entre-deux. Ainsi, la solution avancée par le chercheur pour régler les souffrances de ces Chinois, à une époque où ce flux est incontrôlable, c’est «  l’urbanisation des masses paysannes » . Cela consiste à offrir à ces migrants trois choses. Une sécurité sociale minimale, de mettre un seuil d’entré en ville et, finalement, de créer une communauté pour développer chez eux un sentiment d’appartenance à un groupe.

 Cet article est intéressant à plusieurs égards. D’abord parce que l’auteur est un spécialiste de la question, de par son statut de directeur du centre de recherche de l’Academy of Social Sciences Rural Development Institute. Aussi, et surtout, parce qu’il n’a pas grandi dans l’opulence, ce qui le rend plus sensible à la misère qu’il décrit, étant en position de la comprendre. De  plus, contrairement à beaucoup d’intellectuels que nous avons eu la chance de lire, il ne fait pas que constater les problèmes de la Chine. Il avance des solutions concrètes, qui tiennent compte de la réalité du terrain, et tente de régler un enjeu majeur actuel, soit les migrants, sans brimer les droits de ceux-ci. Il appuie aussi son propos par des sondages et des statistiques, ce qui lui donne encore plus de crédibilité.

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