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2016/03/08

Xu Jilin, "The Fate of Enlightenment"

Billet de Patrick Wiley

Xu Jilin (1957-) est un professeur au département d’histoire à l’Université Normale de la Chine de l’Est à Shanghai.  Il s’est majoritairement intéressé aux sujets de la pensée et de la culture chinoise lors du 20e siècle.  Au sein de ces grandes thématiques, il s’est notamment penché sur le modèle à adopter, face à l’expansion de la civilisation occidentale.  Il a œuvré aux États-Unis, en Europe et, bien sûr, en Chine, ce qui lui donne une certaine crédibilité de traiter des différences idéologiques et culturelles entre l’Orient et l’Occident. C’est justement l’idée développée dans plusieurs de ses œuvres. Dans cet article, il a traité surtout d’idéologie dans la période post-Mao, combiné justement à cette culture occidentale.
L’article « The Fate of Enlightenment – Twenty Years in the Chinese Intellectual Sphere (1978-1998) » fait un panorama de la réforme intellectuelle en Chine dans les années post-Mao. Xu donne dès le début de son article le point de vue qu’il a défendu, c’est-à-dire, que le mouvement intellectuel en Chine était une seconde période des Lumières.  Les « nouvelles Lumières » a pris ses origines dans ce que Jilin appelle le « Movement to Liberate Thinking ». Le retournement principal face à la période maoiste est cette idée selon laquelle « practice is the sole criterion of truth ».  Essentiellement, ce nouveau concept stipulait que la réalité socio-économique devait dicter l’idéologie à adopter, et non l’inverse. Ce mouvement, qui a commencé lors de l’ère maoiste, a pris son envol lorsque certains membres du parti communiste ont réalisé que certaines mesures socialistes étaient impracticables. Jilin cite des personnages tels que Zhou Enlai et Deng Xiaoping comme les architectes de ce mouvement qui, avant tout, était un mouvement de modernisation. Dans le Congrès National du Peuple en 1975, le premier ministre Zhou Enlai a dit : « within the twentieth century we will achieve the thoroughgoing modernization of agriculture, industry, national defence and science and technology » (p. 171).  Jilin qualifie ce mouvement comme une façon de se libérer des dogmes de Mao et de Staline. L’auteur met aussi l’accent sur le caractère scientifique, vu son utilisation récurrente du terme « scientisme ».

Xu cite trois groupes d’intellectuels qui ont vu le jour et ont permis la création de ce mouvement des nouvelles lumières : le projet de publication Toward the Future Series, la Academy of Chinese Culture et le journal Dushu, en plus du journal New Enlightenment Journal.  Les intellectuels des nouvelles lumières avaient comme but de se détacher des structures idéologiques strictes, mais aussi de réformer ces dogmes disciplinaires hérités de l’époque totalitaire. Cette nouvelle communauté intellectuelle avait développé ce qu’on appelle la sphère publique, libre du contrôle gouvernement. Xu compare même cette période de libération au Mouvement du 4 mai.
Ensuite, c’est l’homogénéité du mouvement qui a fait sa force. Des sujets tels que l’influence occidentale et l’interdisciplinarité ont permis aux intellectuels de se forger une opinion commune.  Malgré certaines divergences d’opinions, c’était une période très ouverte et propice à la discussion.  Xu met d’ailleurs l’accent sur cela :  « It was a time of deeply held views and strongly wrought emotions; it was also a period of openness » (p. 178).
Malgré l’homogénéité que Jilin a mis de l’avant, ce dernier traite de trois sujets qui se sont affrontés.  On peut y observer : « Thought Versus Scholarship », « The Humanist Spirit Versus Common Concerns » et « Liberalism Versus the New Left ».  Ces oppositions sont très révélatrices du contexte qui s’opérait en Chine à l’époque.  Certes, il y a un mouvement de modernisation et d’intellectualisation, mais le mouvement est encore jeune et c’est sans doute pour cette raison que l’on retrouve ces trois oppositions.  Xu Jilin résume bien ce propos à la toute fin de son article : «  […] the fragile homogeneity of the New Enlightenment » (p. 186).

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