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2016/03/22

Han Han, "Il faut supprimer les dissertations"

Billet de Kaouthar Koulmi

 Référence: Han, Han. Blogs de Chine,  Bleu de Chine, Paris, Gallimard, 2012, 398p.

 Titre : Il faut supprimer les dissertations

 Note sur l’auteur :  Han Han est le blogueur le plus connu en Chine avec 300 millions de hits à son actif. Il est né le 23 septembre 1982 à Shangai. Il commence à écrire dès son adolescence. D'ailleurs, son premier titre, San Chong Men ,parut lorsqu’il n’avait que 17 ans. Cette œuvre devint un best-seller vendu à plus de 20 millions d’exemplaires. À 33 ans, il représente donc une nouvelle génération d’écrivains qui, sans être dissidents, arrivent à s’exprimer en Chine.  En plus de sa carrière sur internet, il a inauguré son blog en 2006, il est également l’auteur de nombreux ouvrages, mais aussi  chanteur-compositeur et pilote de course. En 2009, il participe au championnat du monde de  rallye en Australie. Il est aussi sacré champion national de Chine en 2012. Quant à sa carrière musicale, il sort son premier album R-18 en 2006. En mai 2010, il fut nommé par le Times magazine, comme étant l’une des personnes les plus influentes au monde. La même année, la magazine britannique New Statesman l’a proclamé 48e dans son top 50 des personnes les plus influentes.[1]

Article : Dans son article, Il faudrait supprimer les dissertations, parut sur son blogue, en juin 2007, Han Han traite de la liberté d’expression et des entraves sociales que subissent les Chinois, sans pour autant critiquer ouvertement l’État. Il se sert de son propre exemple pour montrer à quel point les jeunes Chinois sont obligés de se conformer à un mode de pensée. Les élèves qui mettent de l’avant les slogans en vogue sont grandement félicités, recevant les honneurs, les bonnes notes et les premiers prix dans les concours. À l’inverse, ceux qui ne se conforment pas récoltent des zéros ou pire des expulsions pour avoir dit ce qu’ils pensaient vraiment. Le blogueur affirme avoir lui même du se « laver le cerveau » des valeurs sociales avant d’écrire ses dissertations. Il questionne donc l’arbitraire des notes attribuées affirmant qu’un zéro n’est  un zéro que dans les yeux du correcteur et selon ses propres critères. Ainsi, il n’y a pas de justice dans un système de correction supposément neutre. Les Chinois, dès leur parcours académique, et plus tard, apprennent à ne pas dire ce qu’ils pensent, car ils peuvent en pâtir. Au final, on apprend à écrire dans un cadre déterminé par la société.  Le trentenaire réfute ensuite l’idée voulant que même si on limite les élèves dans ce qu’ils peuvent exprimer par écrit, on leur apprend à  bien écrire. Il affirme que l’on n’est pas obligé de produire une dissertation pour savoir écrire et, qu’en somme, le véritable but de la dissertation en Chine est de développer l’idée chez la jeunesse qu’écrire la vérité mène toujours à des retombées négatives.  Ainsi, l’écriture d’une dissertation, si c’est pour améliorer ses qualités d’auteur devient désuète, en ce sens, selon le blogueur qui avance donc une abolition de cette épreuve dont les vertus sont finalement de décourager les élèves à dire ce qu’ils pensent.

Cet article s’inscrit bien dans l’ensemble de son œuvre. L’auteur a tendance à faire référence à de faits divers, notamment, ou à parler de la société chinoise. D’ailleurs, le lendemain de la parution de notre article,  il publiera, le texte Il est strictement interdit de faire connaître ses goûts personnels, qui reprend le même thème, celui de la liberté d’avoir une opinion. Pour la présente oeuvre, il se sert, à mon avis, du cas des dissertations scolaires pour extrapoler, à une échelle plus large de la société, en montrant comment la liberté d’expression des habitants est entravée, dans sa terre natale, et ce, dès l’enfance. Au final l’école est le boulevard où une population amasse des valeurs communes qui rejoignent les valeurs familiales. À mon avis, apprendre à des élèves les vertus du silence, c’est en faire des citoyens tout aussi respectueux de ces vertus. Un élève voyant son camarade échouer au bac pour avoir dit son opinion assimilera que c’est la punition de ceux qui ne se conforment pas. Ce texte, écrit sur le blog le plus populaire de Chine, par un jeune Chinois, lu par sa génération, porte ces derniers à réfléchir sur le « moule intellectuel » auquel ils sont soumis et surtout est , pour moi, un premier pas à ce que j’appellerai « l’émancipation des cerveaux ».

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