Alex Payette, "Le renouveau religieux du Confucianisme en Chine: une revue des débats académiques récents"

Billet de Sakinah Chevrier

Alex Payette, "Le renouveau religieux du Confucianisme en Chine: une revue des débats académiques récents," Monde chinois 2012/1 #29: 118-126.

Alex Payette est titulaire d’une maîtrise en politique comparée et candidat au doctorat en science politique à l’université d’Ottawa. Il s’intéresse au système politique chinois, ses courants d’idées, ses mouvements institutionnels et ses dynamiques bureaucratiques. Ses recherches concernent l’analyse théorique du système politique chinois, les débats intellectuels à propos du confucianisme et les mouvements religieux locaux.

Dans cet article, l’auteur présente les débats récents sur la nature religieuse ainsi que la catégorie de religion du confucianisme, puis il s’intéresse aux possibles conséquences de la reconnaissance et de l’institutionnalisation d’un confucianisme religieux et politisé pour la Chine contemporaine. L’analyse est basée sur différents auteurs qui ont alimenté le débat sur la nature du confucianisme.

Premièrement, la définition des termes religion et philosophie varie selon les auteurs, mais ce qu’il est important de comprendre est que leur définition est un amalgame entre la définition institutionnelle (basée sur le clergé) et la définition « pratique », où l’importance des pratiques forme l’expérience religieuse. Autrefois, le Confucianisme était considéré comme une religion en réponse à l’incursion du Christianisme en Chine et l'on a même songé à en faire une religion d’État institutionnalisée. Toutefois, le concept « occidental » de religion pour décrire le confucianisme est limité. C’est pourquoi plusieurs souscrivent à l’idée du confucianisme comme religion diffuse, c’est-à-dire comme un ensemble de croyances et de rituels qui fait partie intégrante d’un système social déjà structuré et qui ne peut en exister indépendamment.


Par la suite, il amène l’idée de religion civile qui est générée à partir d’un mode de vie et qui imprègne la population d’un territoire donné en existant de façon très différenciée aux côtés des religions reconnues formellement par l’État. La religion civile est un ensemble de croyances, de symboles et de rituels institutionnalisés dans la collectivité, c’est pourquoi on la considère comme existant à l’extérieur du champ religieux, faisant partie de la société elle-même. Le concept de religion civile règle les problèmes du concept « occidental » de religion et du principe de séparation entre l’État et la religion, car le Parti communiste chinois fonde en partie sa légitimité sur la séparation entre le Parti et le confucianisme, tout en continuant à célébrer les rituels confucianistes.

Le concept de religion civile a aussi ses problèmes. Le confucianisme comme religion civile pose donc le confucianisme comme base de l’identité culturelle chinoise, mais la définition que l’on fait du confucianisme peut exclure les non-Hans si l’on ne fait pas attention. De plus, le concept de religion civile est un concept américain appliqué au contexte chinois et l’usage qui en est fait est trop vague. C’est pourquoi s’il y a reconnaissance du confucianisme, il devrait pouvoir façonner l’identité culturelle nationale sans être basé exclusivement sur l’expérience Han.

En conclusion, ces débats dépendent de la notion de religion, son sens (positif ou négatif), et de la catégorie de religion. L’issue de ces débats sera cruciale pour l’avenir du confucianisme en Chine et pour le champ religieux chinois, puisque le Parti ne souhaite pas soutenir une nouvelle religion et commence à ressentir l’importance du confucianisme comme force unificatrice pour la société chinoise.

Ce texte est une revue des débats académiques récents et des controverses en matière de confucianisme, afin d’en offrir une vue d’ensemble et afin de les rendre accessibles en français. Il agit donc comme une explication synthétique des problématiques liées au confucianisme et permet de réitérer la matière vue en classe. Le texte présente le point de vue de nombreux auteurs sur le sujet dans un ordre logique, mais échoue cependant à bien éclairer les différences entre religion diffuse et religion civile qui sont d’importance majeure.