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2016/01/26

The Communist Revolution

Billet de Nicolas Gagné

Theodore DeBary, et.al., Sources of Chinese Tradition, vol. 2, "The Communist Revolution."

Theodore DeBary (1919-) enseigne à l’université Columbia depuis 1949. Il y a grandement développé l'enseignement de l'histoire de l'Asie de l'Est, notamment en réalisant plusieurs recueils de sources pour la Chine, le Japon, l'Inde et la Corée. Son œuvre a surtout porté sur les grandes traditions religieuses et intellectuelles d'Asie de l'Est, principalement le confucianisme.

DeBary tente de répondre à trois questions principales: 1) Dans quel contexte intellectuel et historique le communisme chinois a-t-il émergé? 2) Comment Mao analysait-ils les problèmes de la révolution (le rôle du Parti communiste en lien avec les paysans, le nouveau rôle du « peuple » à l'époque moderne, et les étapes par lesquelles il atteindrait ses objectifs économiques et politiques)? 3) Comment Mao mena-t-il l'endoctrinement et la formation des cadres pour la lutte des classes, et comment interagit-il avec les intellectuels dont la collaboration était nécessaire pour assurer l'atteinte des objectifs économiques et sociaux du régime? Pour ce faire, l'auteur présente plusieurs  sources primaires. La première section décrit la paysannerie et le mouvement anarcho-communiste comme des germes de la révolution communiste. On y retrouve un essai de l'anarchiste Liu Shipei (1884-1919) et un article de Li Dazhao (1888-1927), un cofondateur du Parti communiste chinois qui influença grandement son élève et assistant, Mao Zedong. Puis, le nœud de l'article présente plusieurs écrits de Mao, notamment des extraits d'un rapport sur le mouvement paysan au Hunan et de textes importants comme The Chinese Revolution and the Chinese Communist Party (1939), On New Democracy (1940) et The Dictatorship of the People's Democracy (1949).


Conclusions. 1) Le communisme chinois naquit dans un contexte intellectuel historique et intellectuel favorable. Par exemple, il régnait suite à l'échec de l'expérience républicaine un climat dans lequel seules les idées « révolutionnaires » pouvaient espérer susciter l'enthousiasme populaire. 2) Mao reconnaissait un rôle révolutionnaire important à la paysannerie chinoise. Cependant, c'était au Parti communiste de prendre la tête de ce mouvement, les rébellions paysannes des siècles précédents ayant échoué, croyait-il, par manque de leadership et d'organisation. Mao envisageait plusieurs étapes pour l'atteinte de ses objectifs: après le communisme primitif, l'esclavage et le féodalisme, viendrait la « révolution démocratique » (qui ressemble peu à l'idée occidentale de la démocratie, mais plutôt à l'idée du « centralisme démocratique » de Lénine, soit la domination communiste d'une coalition des classes sociales ainsi que, sur le plan économique, une réforme agraire modérée et la nationalisation de certaines industries importantes), et enfin la révolution socialiste. (Mao, qui considère la Chine de 1940 comme semi-coloniale, semi-féodale, propose dans On New Democracy de « sauter » l'étape du capitalisme). 3) Ce point est moins développé que les autres. Dans The Dictatorship of the People's Democracy, Mao mentionne que les « réactionnaires » recevront des terres et devront se « rééduquer » par le travail. On tentera de les réformer par la propagande et l'information. Cependant, le problème fondamental demeurait l'éducation des paysans. Il fallait développer une industrie puissante sous contrôle de l'État pour assurer la socialisation de l'agriculture (vue comme la condition sine qua non de cette éducation).

Le texte est une série de sources primaires sur le communisme chinois. La contribution principale de l'auteur est donc d'avoir choisi les textes qu'il jugeait intéressants et pertinents pour répondre à ses questions. Sinon, il se limite à des contextualisations, très utiles d'ailleurs, des auteurs sélectionnés et de leurs écrits, et à une introduction où il tente de montrer que le communisme s'inscrit à un certain degré dans la tradition chinoise.


Enfin, je crois que l'apport principal du texte est de sortir de la simple chronologie, de présenter la réflexion intellectuelle ayant soutenu l'effort communiste. Nous pouvons ainsi mesurer l'évolution d'un auteur et d'une période à l'autre. Par exemple, il est intéressant de lire sur le rôle capital que la paysannerie serait appelée à jouer dans la révolution, car cela montre les efforts des communistes chinois pour assurer une convergence entre la doctrine marxiste (révolution menée par la classe ouvrière urbaine) et leur contexte national (population largement rurale). J'apprécie aussi que DeBary ait présenté certains auteurs moins connus.

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