Gan Chunsong sur Kang Youwei

Billet de Diana Malyutina

Chunsong Gan, « Entre connaissance et croyance : Kang Youwei et le destin moderne du confucianisme », ExtrêmeOrient Extrême-Occident [En ligne], 33 | 2011

Gan Chunsong est un vice-directeur de l’Institut de Philosophie et professeur de philosophie à l’Université Renmin de Chine. Ses intérêts tournent principalement autour du confucianisme et tout ce qui concerne l’évolution de culture avec la modernisation, particulièrement en ce qui concerne l’évolution politique et socio/culturelle de la Chine avec les changements de régimes et nouveaux enjeux face au monde.

Dans l’article, l’auteur suit de près l’évolution du confucianisme au sein du peuple chinois vers la fin de la Chine impériale (sous dynastie Qing) et le début de la République de Chine (1912). Il se concentra particulièrement sur le parcours de Kang Youwei, lettré et penseur politique chinois de la fin de la dynastie Qing, sur la voie de tentative d’instauration du confucianisme comme religion d’Etat. Cette tentative a pour but d’assurer l’existence et l’importance du confucianisme en Chine à travers les changements de régimes et réformes politiques majeurs du pays. L’article transmet principalement la lutte de Kang Youwei avec le gouvernement et la recherche de l’accord du peuple chinois pour instaurer le confucianisme comme moteur social et politique principal au sein de pays.
Dans un premier temps, l’auteur introduit l’article par une explication sur la subtilité dans la langue chinoise et japonaise en ce qui concerne le terme « religion » et « enseignement divin », ainsi que la notion occidentale de religion et le terme « confucianisme » chinois en tant que tel. Cette explication est celle du premier secrétaire de la délégation chinoise aux Etats-Unis, Peng Guangyu, effectuée en 1893 lors du « Parlement des religions du monde » qui a eu lieu à Chicago.


Cette introduction permet dans toute logique élaborer par la suite sur le point de vue de Kang Youwei à propos du confucianisme, qu’il tentait de justifier comme un ensemble de croyances et de connaissances. Avec le commerce et politiques occidentaux en évolution, il était à ce moment la crucial pour la Chine de s’affirmer comme une puissance et s’inspirer donc en partie des pays de l’Occident. Ceux-ci se sont distingués par la séparation de la religion et la politique, mettant à défi le confucianisme en Chine. Ainsi, Kang Youwei a tenté de restructurer le confucianisme en s’inspirant des modèles religieux occidentaux mais a fait face a des difficultés car nombreux parmis les politiciens et le peuple ne considèrent pas le confucianisme comme une religion et le soupçonnaient surtout de vouloir acquérir du pouvoir et de l’influence politique sous prétexte d’impliquer la religion dans la politique chinoise et évoluer tout en conservant une partie qu’il juge indisponsable à la civilisation chinoise en tant que fondement de l’identité nationale et un élément de l’éducation pour instruire un peuple que Kang considère en lacune de conscience morale. Même le disciple de Kang Youwei, Liang Qichao remet en cause les ambitions de reformes de Kang.

L’auteur poursuit l’article par la succession de tentatives multiples (et pour la plupart ratées) de propulser le confucianisme dans la politique en tant que religion, particulièrement la pétition remise au Sénat en 1913 par des disciples de Kang. Elle ne fut cependant pas retenue par le nombre trop important de possibles conséquences négatives, incluant des querelles entre différentes religions présentes en Chine et des contradictions avec la liberté de croyances dans le cadre de la République de la Chine.

L’auteur conclua sur l’argument principal que l’échec de Kang réside surtout dans l’incompatibilité de l’ambition de développement scientifique et économique de la Chine et les valeurs davantage traditionnelles du confucianisme. De plus, autant que Kang souhaitait s’inspirer des Eglises occidentales pour en fonder une de religion confucianiste, il reste que les civilisations occidentales ont tendance à séparer la religion de la vie politique, et Kang Youwei souhaite exactement l’inverse ; une union, impossible par la divergence par rapport aux valeurs modernes de la démocratie.
Cet article fut intéressant par le fait qu’une même idéologie peut être perçue si différemment selon les avis comme on peut l’observer dans le cas de Kang Youwei et sa conception du confucianisme qui ne s’intègre que très mal durant son époque.