Cliquez ici pour retourner au site web du cours

2015/03/14

Protester sur le web en Chine

Texte de Joseph Watiez-Langlois

Séverine Arsène est une chercheuse française au centre d’études français sur la Chine contemporaine (CEFC). Elle s’intéresse principalement à la relation entre les médias et la politique en Chine et la liberté d’expression. Après un parcours universitaire en science politique et un post doctorat en communication et Politique au CNRS à Paris, elle obtient une place de chercheuse au CEFC. Elle est l’auteure de Internet et politique en Chine publié en 2011, Internet en Chine parut en 2012 et de biens d’autres articles et chapitres de livres .

Dans Protester sur le web en Chine (1994-2011), Séverine Arsène apporte un historique d’internet en Chine de son apparition aux enjeux, utilisation et réactions qu’il a suscité. C’est dans un texte descriptif, factuel et sans vraie prise de parti que l’auteure nous présente l’implantation d’un des outils d’expression et de renseignement les plus méprisés par les gouvernements autoritaires. Comment internet s’est diffusé en Chine ? Quelle a été la réaction du gouvernement chinois face à la diffusion de cet outil ? Comment les internautes chinois contournent et utilisent cet espace virtuel ?



Internet se diffuse en Chine en 1994 et ce n’est qu’un moyen de communication instantané utilisé dans les universités et seulement par les universitaires. Rapidement il devient un outil commercial. Vers la fin des années 1990, c’est le début de la diversification du contenu de l’internet chinois avec des sites de presse chinois et des plateformes de communication comme comme QQ. En 2005 Xiaowei l’équivalent chinois de Facebook est mis en ligne vite remplacé par Renren. En 2010 c’est Weibo qui prend le monopole des réseaux sociaux chinois. Malgré un départ tardif, la Chine est aujourd’hui l’un des pays avec le plus d’internautes (38% de la population chinoise soit plus de 500 millions de personnes).

Avec la montée d’internet, le gouvernement a installé une muraille de Chine pour censurer les contenus du web chinois. Bien qu’internet soit encouragé pour le développement économique, il ne peut être utilisé à des fins politiques. Une série de régulations ne permet pas l’utilisation d’un VPN (Virtual Private Network), les contenus publiés sont à la responsabilité de l’internaute et les fournisseurs d’accès peuvent communiquer les adresses IP et enfin il faut s’identifier à la police pour obtenir une connexion internet. Un logiciel de blocage de mots-clés est mis en place et le gouvernement chinois utilise des Wu Mao (=50 centimes) qui sont des personnes en charge d’inonder les forums avec des messages de propagande pour le PCC. Dans certains contextes plus tendus le gouvernement chinois n’a pas hésité à couper tout réseau internet et téléphonique comme dans le Xinjiang en 2009.

Malgré une importante surveillance du réseau, internet reste une plateforme privilégié pour faire circuler les idées des dissidents. On peut dire qu’internet a permis l’apparition d’une opinion publique nationale. Des logiciels et des techniques ont été mis au point pour contourner la surveillance du gouvernement. La diffusion des idées a pu continuer. Mais internet a permis de rendre de faire la publicité d’évènements locaux et de faire émerger une indignation national. Aujourd’hui l’auteure observe le développement d’un esprit satirique et ironique quant à la censure. Tous les internautes sont conscients de cette censure, elle est partiellement admise et on s’en amuse. Toutefois quand le gouvernement veut installer obligatoirement un logiciel de filtrage, l’opinion publique n’est se mobilise et obtient gain de cause. 

Même si les Chinois font partie des populations les plus connectées du monde, ils font aussi partie des plus surveillées. Les évènements du Printemps Arabe en 2011 et l’utilisation des réseaux sociaux pour organiser des révolutions a fait peur aux autorités chinoises. Il reste des tabous infranchissables. Toutefois une censure totale d’internet est impossible et malgré quelques difficultés informatiques, ça reste un endroit de partage d’opinions et d’idées incontrôlable.

BIBLIOGRAPHIE

Site du centre français d’étude de la Chine contemporaine sur Séverine Arsène (visité le 10 mars 2015) :
http://www.cefc.com.hk/fr/staff/severine-arsene/

No comments:

Post a Comment

Note: Only a member of this blog may post a comment.