Cliquez ici pour retourner au site web du cours

2015/03/23

Les courants anticapitalistes en Chine : le point de vue d’une philosophe

Texte de Marc-Éric Leroux

La personne interviewée par M. Gérard Duménil est Mme Shuangli Zhang. Cette entrevue intitulée « Les courants anticapitalistes en Chine : le point de vue d’une philosophe » a été publié dans le volume 52 de Actuel Marx aux pages 179 à 196. 

Mme Shuangli Zhang est une professeure associée de philosophie à l’Université de Fudan de Shanghai. Elle a fait des travaux sur les développements des études chrétiennes en Chine continentale et sur le marxisme en lien avec les études chrétiennes. Pour sa part, M. Duménil est un chercheur en économie politique d’inspiration marxiste. Il se spécialise dans l’étude des mutations du capitalisme dans les années 1980-90. Soulignons qu’il est membre de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne. 

Dans cette entrevue, l’ interviewée tente d’expliquer une nouvelle approche anticapitaliste des principaux regroupements idéologiques opposés aux libéraux et œuvrant actuellement  à redéfinir les tendances tant économiques que politiques qui devraient guider la Chine dans le futur à la suite du processus d’ouverture et de réforme des années 1980 et des résultats du capitalisme d’État qui s’y est développé.

La méthodologie utilisée est évidemment celle de l’interview qui permet à M. Duménil  d’orienter les propos de Mme Shuangli Zhang qui du fait de sa résidence en Chine et de ses études à une connaissance terrain des débats idéologiques qui s’y  déroule. Elle conclut à l’existence d’une montée de l’anticapitalisme et la recherche d’une voie alternative au capitalisme qui n’a pas encore donné de réponse satisfaisante et pratique dans le cadre d’une Chine devenue une composante du système capitaliste mondial.

L’interviewée apporte un éclairage intéressant sur les éléments distinctifs des divers regroupements de gauche par rapport aux libéraux lesquels  favorisent le développement du capitalisme et de la démocratie de type occidental tout en s’inquiétant des inégalités dans la répartition de la richesse. Elle le fait en soulignant l’évolution qui s’est produite depuis 1980 pour tenir compte des changements souvenus dans l’économie chinoise et internationale. Elle critique sévèrement l’expérience de Chongqing menée par Bo Xilai qui disait s’inspirer du néomaoïsme pour instaurer un socialisme autoritaire. Elle apporte des éléments intéressants sur le conservatisme culturel qui s’est développé avec la montée du nationalisme dans les années 1990 et qui fait la promotion d’un nouveau confucianisme tout en rejetant les notions de liberté et d’égalité pour une politique favorisant les élites confucéennes. 

Selon celle-ci, actuellement,  la recherche d’une autre voie que le mode capitalisme  mobilise la Vieille Gauche, la Nouvelle Gauche, le néomaoïsme et le conservatisme culturel, mais dans des voies différentes qui ne semblent pas se rejoindre ce qui bloque la situation. Fait intéressant à souligner pour l’avenir du marxisme en Chine, Mme Shuangli indique que les étudiants manifestent de moins en moins d’intérêt pour ce système qu’ils considèrent totalement dépassé. 
Ce texte a le mérite de nous faire connaître les débats d’idées entre les Chinois et la fracturation de la gauche chinoise. Par ailleurs, ce qui est perçu comme anticapitalisme apparaît beaucoup plus comme étant antioccidental ce qui est une valeur historique de la Chine. 

No comments:

Post a Comment

Note: Only a member of this blog may post a comment.