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2015/03/14

Les courants anti-capitalistes en Chine

Texte de Milan Bernard 


Zhang Shuangli, « Les courants anti-capitalistes en Chine. Le point de vue d'une philosophe »,   Actuel Marx 2012/2 #52: 179-196.

Zhang Shuangli est professeure de philosophie à l’Université Fùdàn à Shànghǎi. Intéressée par les manifestations contemporaines du marxisme, elle poursuit également des recherches sur les questions religieuses et l’étude du christianisme en Chine, liant parfois ces deux sujets dans certains de ses travaux.  Le texte est présenté sous la forme d’un entretien entre la professeure Zhang et Gérard Duménil, spécialiste de l’économie politique et ex-directeur de recherche au CNRS et membre du conseil scientifique d’Attac France, et lui aussi associé au marxisme. 

On peut relier leurs intérêts à l’objectif résultant de cette rencontre, qui est de « peindre » les courants de gauches (et leurs rivaux) de la Chine actuelle pour en explorer les débats actuels. Ainsi, autour du thème central de « l’anticapitalisme », on développe une la compréhension des acteurs et du contexte. De manière plus analytique, l’explication se base sur l’expérience de Zhang par rapport aux fondements sociaux, culturels, politiques et historiques des courants de pensée, ainsi que sur certains écrits des penseurs et sur des évènements symbolisant ceux-ci.  



Comme courants, le texte note cinq groupes : la Nouvelle Gauche, la Vieille Gauche, les néomaoïstes, les libéraux et le courant conservateur. Avant d’élaborer sur ceux-ci, Zhang relève au départ l’importance des « Nouvelles Lumières » dans les années 1980, culminant avec les évènements de 1989 à la place Tiān'ānmén. Les participants de ces Lumières se considèrent comme héritiers du Mouvement du 4 mai, mais également comme la continuation de la Nouvelle culture émanant de la création de la première république, brisée par les choix passés pour assurer la survie de la nation. « Ainsi, comme je l’ai dit antérieurement, les intellectuels de la Nouvelle Gauche et les libéraux se réclament-ils maintenant tous deux de l’héritage des Nouvelles Lumières. Ils tentent de prouver qu’ils sont les héritiers véritables de cet esprit, c’est-à-dire de la pensée critique. » 

La « Vieille Gauche » se caractérise par sa défense traditionnelle de la nature socialiste de la Chine. S’il y a une « indifférence positive » du gouvernement (un « soutien mutuel » justifiant les politiques officielles)  à leur égard, Zhang les considère anticapitaliste seulement dans la mesure où certains voient leurs pressions sur les autorités comme bénéfiques devant la libéralisation excessive. Issue de cette tendance, les « néo-maoïstes », opposés aux réformes, qui voient dans la pensée Máo Zédōng la solution aux difficultés actuelles internationales ou internes, comme la corruption. La Nouvelle Gauche a, quant à elle, émergé dans les années 1990 et cherche à formuler une voie alternative, prenant en considération les aspects de justice sociale, de conditions de vie et de distribution de la richesse dans le contexte de la modernisation et de la libéralisation en Chine, qui ne peut échapper à ces questionnements. Zhang résume bien la situation sous l’angle néo-gauchiste : « […] la modernisation n’est pas seulement un idéal que les Chinois doivent poursuivre, mais qu’elle constitue désormais un défi que la Chine doit relever. »  La concrétisation de la tradition maoïste et des propositions de la Nouvelle Gauche fut l’expérience du Modèle de Chóngqìng sous l’autorité de Bó Xīlái. 

Les libéraux, au cœur d’un débat qui les a opposés à la Nouvelle Gauche, vont choisir le manque de liberté (au-delà des inégalités) comme principal problème de la Chine contemporaine. La solution des libéraux passent avant tout par l’établissement d’une démocratie constitutionnelle. Finalement, les tendances conservatrices, c’est-à-dire  néo-autoritaires et confucéennes, mettent l’accent sur le caractère culturel de la Chine. Concrètement, les néo-confucéens mettent de l’avant la suggestion d’établir le Confucianisme comme religion civile et celle de mettre de l’avant des politiques constitutionnelles confucéennes.

Il s’agit d’un résumé, d’une introduction aux débats qui ont émergé entre les courants intellectuels politiques dans les deux dernières décennies et qui nous mène au portrait actuel de la Chine. Le texte étant sous la forme d’un entretien, il est difficile d’aller en profondeurs. Toutefois, Duménil et Zhang présentent les idées et les concepts centraux, destiné à l’observateur étranger, à l’aise avec les concepts de politique, mais néophyte par rapport à la situation chinoise. 

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