From Nonperson to public Intellectual : The Life and Works of Yu Jianrong

Texte de Gabrielle Dionne-Legendre

PILS, Eva et Marina Svensson. 2014. From Nonperson to public Intellectual : The Life and Works of Yu Jianrong. Contemporary Chinese Thought 45 (no 4) : 3-17.

Eva Pils est professeure et responsable de recherche en Loi transnationale au King’s College de Londres. Elle était auparavant une professeure-associée du département de droit de la Chinese University de Hong Kong, où elle a cofondé le Centre pour le Centre for Rights and Justice. De plus, elle a aussi enseigné à l’Université Cornell et l’University College de Londres. Elle est actuellement une supérieure de recherche non résidente de l’institut de droit U.S.-Asia de NYU. Marina Svensson est une professeure associée au Centre d’études sur l’Asie de l’Est et du Sud-Est à l’Université de Lund en Suède. Elle a eu un poste de postdoctorat à l’université Columbia. Ses recherches portent sur différents sujets concernant la société chinoise. 

Dans l’article, les auteurs s’intéressent à Yu Jianrong, un intellectuel qui a fait ses marques sur internet. Elles s’intéressent à savoir ce qui fait de lui un auteur aussi populaire qui réussit à naviguer à l’intérieur du système, alors que d’autres, dans des situations similaires, n’ont pas eu la même chance. Afin d’étudier ses opinions, les auteurs ont utilisé certaines entrevues et des articles écrits sur Weibo et sur Internet. Elles introduisent certaines de ses œuvres en anglais. En effet, Yu Jianrong ne parle pas l’anglais et peu de ses œuvres ont été publiées en anglais. 

Yu fait partie d’une nouvelle catégorie d’intellectuels, les intellectuels publics. Ceux-ci se caractérisent par une certaine autonomie politique et une pensée critique. Ils sont répandus sur un spectre idéologique large, certains appartenant au New Left, alors que d’autres, comme Yu, font partis du courant libéral. Ils utilisent des forums traditionnels (journal scientifique) et modernes (Internet, médias, blog). 


Dans cette catégorie, Yu est un personnage intéressant pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il fait souvent référence à ses propres expériences, qui concernent souvent le passé turbulent de la Chine, dans ses travaux. De plus, il se déplace dans plusieurs cercles, ce qui l’amène à plaider en faveur de ceux qui sont à l’extérieur du système. Ainsi, il est en contact avec des groupes marginalisés,  ce qui lui donne la possibilité de prendre le pouls de la société chinoise, tout en ayant accès aux institutions officielles et aux leaders du parti. Par exemple, la campagne afin de « sauver les enfants mendiants » a reçu l’aide du bureau de sécurité publique. Il utilise énormément les microblogues qui, selon lui, lui permettent de rejoindre le public plus facilement et d’aborder de nouveaux enjeux. En effet, il croit pouvoir influencer les politiques publiques en faisant la leçon aux fonctionnaires. 

Bref, les auteurs concluent, Yu Jianrong a été très vocal dans ses propositions pour des réformes intensives, mais il a réussi, en tout cas, pour l’instant, à manœuvrer à l’intérieur du système. Son activisme n’ayant pas mené à des problèmes d’ordre politique. À ce titre, les auteurs notent que les critiques de Yu sont généralement pragmatiques et optimistes. Toutefois, parce que dans les dernières années des « attaques » ont été faites sur des intellectuels qui, comme lui, utilise internet comme plateforme, son futur, en tant qu’intellectuel en Chine, reste incertain. 

Ce texte permet donc d’aborder une classe d’intellectuel récent, en faisant l’étude du cas de Yu Jianrong. Il permet aussi d’observer le cas d’un intellectuel qui a été critique du gouvernement, mais qui n’a pas été identifié comme étant un dissident. Toutefois, alors que ce texte s’intéresse aux raisons qui expliquent son succès, ses méthodes d’expressions et les intellectuels publics dans un contexte plus large, les auteurs survolent très brièvement les arguments et les idées que Yu élaborent, alors que cela semblait être un des objectifs premiers.