Texte de Marc-Éric Leroux
Yan Fu on Evolution and Progress
Le texte intitulé Yan
Fu on evolution and progress se retrouve aux pages 254 à 260 du livre Sources of Chinese Tradition volume 2 lequel a été coédité en 1999-2000 par William
Theodore de Bary au Harvard University Press. Ce dernier avait aussi édité un
premier volume en 1960 au Columbia University Press dans le cadre d’une
compilation de textes intitulée Introduction
to Asian Civilizations.
William Theodore de Bary est un Américain né en août 1919.
Il est un historien spécialiste des études est-asiatique. Il a étudié et gradué
à l’Université de Columbia en 1941. Après avoir servi la guerre dans le
Pacifique, il retourna aux études pour finir ses études à Columbia et obtenir
une maitrise en 1948 et un doctorat en 1953. Il est toujours professeur à l’Université Columbia où
il est professeur émérite depuis 1990.
De Bary a regroupé dans son livre des textes permettant aux
lecteurs occidentaux , principalement américains, de prendre connaissance de
textes de source primaire d’intellectuels ou de politiciens chinois sur le
déroulement de l’histoire de la Chine de la dynastie Qing a nos jours et sur
l’interaction des principaux courants politiques, sociaux et religieux auxquels
ils ont contribué tout comme leur perception des différences avec les sociétés
occidentales.
Ce texte débute par une courte biographie de Yan Fu qui vécut
à la fin de la dynastie Qing et décéda en 1921. Celui-ci était un réformiste
influencé par les idées qui avaient permis à l’Occident le développement des
sociétés fortes et dynamiques agissant de façon pragmatique contrairement à la
stagnation et au formalisme de la Chine de son époque. Il traduisit plusieurs
auteurs européens. Par ailleurs, Yan rejetait la révolution pour moderniser la
Chine préférant une voie plus conservatrice pour préserver l’ordre public. Pour
y arriver, il soutenait l’implantation d’un véritable gouvernement responsable dans
le cadre d’une monarchie, probablement du même genre que celle de la
Grande-Bretagne où il vécut deux
ans et l’imposition du confucianisme
comme religion d’État. À la fin de sa vie, après le premier conflit mondial, il
constata que la Chine n’était pas encore prête pour un tel bouleversement.
Sa pensée s’appuyait, entre autres, sur la théorie de
l’évolution développée par Charles Darwin relativement à la compétition entre les
espèces et la sélection naturelle, concepts que Fu appliquait aux nations et
sur l’approche également évolutionniste de Hebert Spencer concernant le
développement des sociétés. Il croyait qu’un peuple fort, instruit, sage et
méritant ne pouvait que créer un pays fort, prospère et stable. Il prenait les
pays occidentaux en exemple dont l’assise principale de leur réussite était la
liberté et son corollaire politique la démocratie. Cependant, il faisait une
mise en garde sur la démarche pour arriver à ce stade de développement. Il ne
fallait pas uniquement établir un gouvernement démocratique et construire des
infrastructures, mais préalablement œuvrer à améliorer la capacité de la population
à se prendre en main et à gérer cette liberté pour éviter le chaos. Pour se
faire, il proposait de promouvoir la vitalité du peuple chinois, d’accroitre
ses connaissances et de ramener le mérite et l’éthique comme valeurs de la
société chinoise.
Ce texte démontre une certaine forme d’ angélisme de la part
de Yan Fu qui semble croire qu’ il suffit avec les moyens de l’époque de
promouvoir l’ acquisition du savoir et du mérite pour modifier une culture et
les coutumes du peuple chinois qui ne connaissent pas de liberté depuis des
temps immémoriaux . Pourtant, il devait savoir que l’évolution est un processus
lent et graduel sauf en cas de changement environnemental rapide ou d’urgence. À
ce moment, la Chine était confrontée à des pays occidentaux dont la force et la
richesse s’accroissaient rapidement et un voisin japonais agressif qui s’était déjà
modernisé, elle se devait d’agir avec célérité et de sortir du carcan de sa
culture traditionnelle. Une révolution s’imposait puisque l’apprentissage de la
liberté par le peuple chinois était un trop long chemin rempli d’embuches.
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