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2015/02/15

The Role of Intellectuals in the Reform Process

Texte de Mégane Visette

Jean-Philippe Béja. « The role of Intellectuals in the Reform Process », Contemporary Chinese Thoughts, vol.34, no. 4, Été 2003, pp 8-26. 

Chercheur en sinologie politique, Jean-Philippe Béja s’intéresse aux transformations socio-politiques de la société chinoise, ainsi qu’aux mouvements de contestation liés/prenant racine dans ces transformations. Jean-Philippe Béja fut directeur scientifique du centre d’étude français sur la Chine contemporaine à Hong-Kong de 1993 à 1997, directeur de la rédaction de Perspectives et Perspectives Chinoises, et il est maintenant directeur de recherche au Centre d’Étude et de Recherche Internationale (CERI) de SciencePo Paris et au Centre de Recherche Scientifique (CNRS). Il a également été le directeur académique de l’école d’été du CÉRIUM (Université de Montréal) sur la Chine en 2008. Ses travaux offrent une analyse du lien entre la société chinoise et le pouvoir. Dans son livre À la recherche d’une ombre chinoise : le mouvement pour la démocratie en Chine (1919-2004), il développe l’idée que, n’ayant jamais pu se structurer en force politique depuis la prise de pouvoir du parti communiste, le mouvement se retrouve difficile à cerner. Jean-Philippe Béjat tente de dresser le portrait des groupes de dissidents, alors que diverses catégories sociales ont porté ce mouvement de l’avant au fil des répressions et des manipulations du parti.  Le texte que nous présentons s’insère dans une recherche plus large sur les caractéristiques socio-politique et économique des acteurs des mouvements réformistes dissidents ; dans ce cas-ci, les intellectuels chinois.



Dans ce texte, l’auteur tente d’analyser comment et sous quelles influences se sont développés les rôles des intellectuels dans le processus de réforme politique ou économique de la Chine de diverses périodes. Comment expliquer ces retours et départs successifs de l’intelligentsia de la plateforme politique chinoise? Pour se faire, l’auteur utilisera un mélange de sources primaires et secondaires, d’auteurs chinois et étrangers sur la question. Par exemple, il utilise des entrevues avec des réformistes et intellectuels chinois tels que Yan Jiaqi et Chen Yizi, des textes d’histoire et des textes de réflexion d’académicien chinois sur des réformes passées. 

Par des retours historique sur la place de l’élite intellectuelle depuis le 18eme siècle, l’auteur conclut que sans cohésion sociale de groupe, les intellectuels étaient moins enclins à arborer des idéaux politiques et que leur individualisation causait la réussite des campagnes du parti pour les récupérer à leur cause. En étant atomisés par différentes purges au fil de l’histoire, les « intellectuels » sont devenus méfiants de la recherche politique. Selon Béja, les intellectuels à l’heure actuelle perdent de leur influence passée dans le développement politique, en ne se concentrant que sur la commercialisation de la culture ou leur champ académique. Ou s’ils en ont, ce sont des politologues spécialisés ou des experts juridiques, ce qui illustre une « normalisation de l’intelligentsia »selon l’auteur. Ce n’est qu’une petite minorité souvent sur le cyberespace, qui représente la réelle dissidence des intellectuels, individus désormais atomisés sans conscience de groupe. 

Ce texte s’insère dans notre cours par son dilemme entre une intelligentsia de tradition et de modernité : entre une représentation des masses ou le redressement économique chinois. Le compromis de ces deux désirs dans les années 1990’ se trouve voilé par des intérêts personnels de reconnaissance sociale (riche). Mais ce désir de redresser l’économie amènerait des bases plus fortes pour la création de réelles institutions publiques autonomes qui leur manquait en 1989, érigée par un réseau d’entreprenariat hors du giron de l’État (principe d’économie de marché). Ce texte nous pousse à sortir des idéaux de l’intelligentsia souvent associé à notre expérience des « lumières » européennes. Il apporte un regard relationnel en termes de pouvoir que ce soit en lien avec la caractéristique factionnel changeante du parti, l’idéologie des dirigeants (de Mao à Deng Xiaoping), ou les facteurs économiques, ainsi qu’un regard intergénérationnel qui propose une insertion du vécu de différentes générations pour analyser les choix induis ou non des intellectuels de différentes époques. Il nous fait également sortir de l’appréhension commune des intellectuels comme un groupe social immuable, en accentuant leur atomisation au fil des purges et des répressions; que ce soit pendant la Révolution Culturelle ou les évènements de 1989. 

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