Texte de Joseph Watiez
Xu Jilin, "Valeurs universelles
ou valeurs chinoises? Le courant de pensée de l'historicisme dans la
Chine contemporaine." Rue Decartes 72 (2011/2): 52-68.
Jilin Xu est professeur au
département d’histoire de l’Université Normal de l’Est de la Chine à Shanghai.
Il est historien de la pensée et de la culture chinoise au 20ème siècle.
Il a récemment publié How the Enlightenment was reborn sur Pekin University Press et Readers Stand Up la même année
sur Renmin University Press. C’est aussi un auteur engagé politiquement
comme le montre son article "China Reforms" publié en mai 2012
où il exprime son point de vue sur le modèle de développement chinois.
Dans "Valeurs
universelles ou valeurs chinoises ? Le courant de pensée de l’historicisme
de la Chine contemporaine," Xu se place dans la continuation de "China
Reforms" en élargissant à ce que la Chine reflète au monde. Comment le soft
power chinois, la Culture chinoise et la civilisation chinoise se
construisent-il et s’expriment à l’international ?
Le
texte écrit par Jilin Xu a une dimension philosophique. L’auteur s’applique à
définir et utiliser l’historicisme et sa méthodologie mais dans le même temps
il prend beaucoup de recul par rapport au sujet en utilisant des auteurs variés
dans leurs domaines et leurs opinions : politologues, sociologues,
spécialistes de l’histoire asiatique, économistes… Beaucoup d’entre eux sont
des académiciens chinois.
Jilin
Xu part du fait que la Culture chinoise s’est sacrifiée pour la
modernité ; que la modernité est un concept occidental qui ne permet pas
d’autres possibilités de développement que le « modèle occidental ».
Or aujourd’hui la Chine devient de plus en plus puissante et dépassera bientôt
les États-Unis. Le « consensus de Pékin » se retrouve en
compétition avec le « consensus de Washington ». Ce dernier a apporté
une crise d’identification et la Chine avec son avantage civilisationnel veut
exprimer son propre modèle de développement dans l’optique d’une modernité
pluraliste. Malheureusement, beaucoup d’historicistes chinois dérivent vers le
nationalisme. Il ne s’agit plus seulement d’apporter un nouveau point de vue,
un nouveau choix dans la voie vers le développement, un nouvel exemple ;
mais de se placer au-dessus du « consensus de Washington » et de le
rendre obsolète.
Jilin
Xu critique beaucoup ce nationalisme qui veut imposer le « consensus de
Pékin » pour montrer au monde de la puissance et de la
richesse de la Chine. La civilisation chinoise ne doit pas seulement penser à
son intérêt et s’aveugler dans une compétition avec l’Occident et notamment les
États-Unis. Il faudrait construire une civilisation ayant une valeur
universelle pour l’humanité. Pour cela il est nécessaire de conserver sa
spécificité nationale pour assurer le pluralisme culturel. L’auteur reprend
dans son opinion la pensée européenne de l’historicisme : la culture
chinoise doit s’insérer dans le pluralisme culturel pour faire partie d’une
civilisation universelle avec des valeurs universelles humaines.
Plus
largement, l’auteur veut dénoncer les dérives de l’historicisme par les
intellectuels chinois et le « rejet de l’occident » qui est le
nouveau moteur de la culture chinoise. Par ce texte, Jilin Xu veut apporter sa
vision et son projet pour la civilisation chinoise et la civilisation
universelle. Une vision qui pourrait s’inscrire dans un perspectif
constructiviste dans les relations internationales.
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